Boston sans le marathon

J’ai couru le marathon de Boston trois fois. En 2006, 2011 et 2012. Il y a donc longtemps (!). Cette année, j’y suis retournée mais en tant que reporter et spectatrice. C’est bien la première fois que j’assiste à un grand marathon sans le courir. Étrange feeling.

Boston en avril est un saut dans le temps pour le Québécois résident aux latitudes nordiques. La météo est plus clémente. Les bourgeons sont sortis. Les arbres sont en fleurs. Et c’est le marathon de Boston. Toute la ville vibre au pas de course. Il y a des oriflammes bleus et jaunes accrochés partout. Les magasins de sport débordent de badauds. Les manteaux aux iconiques trois barres d’adidas sont omniprésents. Le long weekend du Patriots’ Day est synonyme de course à pied.

Au petit matin, le bus média qui nous amène au départ fend le brouillard donnant un air solennel à ce Jour J. La petite ville d’Hopkinton située 42km dans l’ouest de Boston est encore endormie. Mais on sent bien qu’il s’y passe quelque chose : des centaines de clotures délimitent les zones, des dizaines de toilettes portables attendent on-sait-quoi, des policiers, beaucoup de policiers, sont sur place et de très, très nombreux bénévoles sourient tous fièrement.

La ligne de départ est déserte mais quelques heures plus tard, ce sont 30 239 participants (17 272 hommes, 12 940 femmes, 27 non-binaires) qui s’élancent. Parmi eux, à quelques mètres de nous, Eliud Kipchoge, nerfé, léger, concentré, fait quelques accélérations d’avant-départ. Un surhomme !

De retour dans le bus média escorté par des policiers à moto, on se sent rockstar ! Ce stratagème nous permet d’arriver rapidement à Boston pour se faufiler vers la grande estrade et apprécier l’effort épatant des vainqueurs qui franchissent la ligne d’arrivée.

On attendait tous Eliud Kipchoge mais c’est finalement Evans Chebet qui a eu le dessus en 2h05min54s – le 3e chrono le plus rapide couru à Boston. Le Kényan a déjà gagné Boston l’an dernier ainsi que New York en novembre 2022. Du côté des dames, Hellen Obiri a remporté les grands honneurs à la suite d’une belle bataille avec l’Éthiopienne Amane Beriso et l’Israélienne Lonah Salpeter sur le dernier kilomètre.

Qu’on y vienne comme marathonienne ou comme spectatrice, il va sans dire Boston est unique, mythique, intense !

A l’an prochain… en chaussures de course, cette fois !