Course CRYO – 55 000 occasions de dire merci d’avoir la santé
Samedi 22 février, 16h, une soixantaine de coureurs sautillent sur place avant le départ de la course CRYO. Au micro, Valérie Bouchard, 25 ans, en rémission du cancer, remercie les participants au nom de la Fondation sur la Pointe des Pieds : « Ce soir, j’ai calculé que vous allez faire environ 55 000 pas. Vous aurez 55 000 occasions de dire merci d’avoir la santé que vous avez et profitez-en, et tripez sur le lac Saint-Jean, pour tous ceux qui ne peuvent pas en profiter. »
La course CRYO, c’est l’occasion de parcourir 32km afin de traverser le lac, en support à la Fondation Sur la Pointe des Pieds qui offre aux jeunes atteints de cancer l’opportunité de quitter le milieu hospitalier, de les éloigner de leur environnement habituel et de vivre des aventures thérapeutiques.
Valérie Bouchard renchérit : « Vous aidez les jeunes à réaliser leur rêve. Vous aider à reconstruire des vies. Pour ma part, ça m’a permis de voir que j’étais à nouveau capable de me dépasser et de faire 1000 choses extraordinaires. »
Personnellement, il ne m’en fallait pas plus pour galvaniser ma motivation.
Le départ est donné. Soixante-quatre braves, pour la plupart chaussés de raquettes, s’élancent sur le Piekouagami. Le ciel nuageux donne des airs sombres au panorama. La piste, travaillée mécaniquement depuis six semaines, a subi les conséquences du redoux : la surface est molle. Je plains alors ceux n’ayant pas opté pour les raquettes. Pour ma part, j’aurais grandement préféré courir sans cet attirail, mais cela demeure sans conteste le bon choix dans les conditions. Je prends mon mal en patience et … je pense aux jeunes atteints de cancer.
Une heure s’écoule. Le peloton est étiré. On n’entend que nos pas qui crispent sur la neige. Au loin, les teintes de bleu et de mauve reflètent sur l’immensité blanche. Si blanche que j’en viens même à être étourdie par l’uniformité implacable de la surface.
Le soleil se couche doucement non sans se pointer le bout du nez et nous offrir une ligne d’horizon toute oranger. La pénombre s’installe ensuite et nous voilà seuls avec le faisceau lumineux de nos lampes frontales. Autant de lucioles à la file indienne.
Des points de ravitaillement sont installés sur le trajet. Espacés de six kilomètres, ils deviennent un à la suite de l’autre le prochain objectif à atteindre… car quand le corps peine, faut mieux diviser la distance, dit-on avec sagesse… Les bénévoles y sont très attentionnés et le « buffet » proposé, varié et alléchant. Mais il me reste encore des kilomètres à faire, je ne m’y attarde pas trop.
Après environ 26-27km, la piste bifurque enfin (!) vers Roberval. Je vois clairement les lumières de la ville, qui pourtant restent longtemps petites sur l’horizon. Mes muscles crient famine. Une ampoule s’est développée sous le coussinet de mon pied gauche….Et je pense aux jeunes atteints de cancer. Soudainement, feux d’artifice, c’est signe que le tout premier coureur a franchi le fil d’arrivée. Ça me donne un p’tit push pour faire de même et franchir à mon tour sous les feux d’artifice l’arrivée.
Alors que je reprends mon souffle, je ne peux que me dire : Wow ! Quel beau concept d’événement ! Quelle belle cause ! Quel beau défi! Oui difficile musculairement dû à la surface. Un peu mental aussi. Et assurément à conseiller sans détour !
Sur le site, l’ambiance est à la franche camaraderie. Les spectateurs applaudissent leurs participants. Et ces derniers sont bavards à se raconter leur périple. Le chili chaud et la bière locale de la Brasserie Le Coureur des Bois pansent les petits bobos. Nous serons plusieurs à bien dormir !
Reportage complet dans le magazine KMag d’hiver 2020-2021.
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