Courir les bras allongés?

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Il y a moins de deux ans, des chercheurs de Harvard ont mesuré la consommation d’énergie associée à la course et à la marche selon deux positions de bras : bras allongés et coudes fléchis. Et de façon inattendue, ils n’ont trouvé, concernant la course, aucune différence de coût énergétique. Est-ce à dire que la course bras allongés est recommandable ?

On considère depuis longtemps que, d’un point de vue énergétique et naturel, il est mieux de courir coudes fléchis et de marcher bras allongés. L’équipe de recherche harvardienne menée par Andrew Yegian s’est intéressée à la question. Ses résultats démontrent sans surprise un coût énergétique de 11 % supérieur pour la marche coudes fléchis – confirmant ainsi l’hypothèse de départ –, mais aucune différence relativement à la course. Ces chercheurs affiliés au Laboratoire de biologie squelettique et de biomécanique sont d’avis que fléchir les coudes en courant procure certainement un avantage, mais que l’état d’avancement de leurs recherches ne leur permet pas encore d’en déterminer précisément la raison. Notons cependant que l’étude reposait sur un petit nombre de sujets (8), que l’expérimentation durait seulement 3 minutes et que la vitesse était basse ; les résultats seraient peut-être différents si on multipliait le nombre de sujets et qu’on leur imposait une durée et une vitesse suffisamment élevées pour causer un certain niveau de fatigue. Néanmoins, comme tous les coureurs, sauf quelques rares exceptions, courent coudes fléchis, il y a fort à parier qu’ils le font naturellement en raison, le plus probablement, de la plus faible énergie déployée.

Cela nous amène à l’utilité du mouvement plus général des bras lors de la course. Christopher Arellano et Rodger Kram, de l’Université du Colorado, ont observé la différence de coût énergétique chez un groupe de coureurs en demandant à ceux-ci d’exécuter quatre types de mouvements de bras (normal, mains dans le dos, mains sur la poitrine et mains sur la tête). Concernant la course avec un mouvement normal des bras, les physiologistes ont mesuré un moindre coût énergétique de l’ordre de 3 % (comparativement à la course mains dans le dos), de 9 % (comparativement à la course mains sur la poitrine) et de 13 % (comparativement à la course mains sur la tête). Cela est dû en grande partie au rôle de contre-force que jouent les bras en position normale par rapport aux jambes, c’est-à-dire que le mouvement du coureur est opposé, le coude droit et le pied gauche allant simultanément vers l’avant. Le mouvement normal des bras permet de contrôler et de diminuer la dissociation entre les ceintures scapulaire (sternum-clavicule-épaule-omoplate-colonne) et pelvienne (bassin). La vitesse de même que l’amplitude du mouvement des jambes et celle du mouvement des bras sont proportionnelles. C’est pourquoi un sprinteur élite du 100 m exécutera d’amples mouvements de bras tandis qu’un coureur récréatif qui court à basse intensité n’en effectuera que de légers.

En général, augmenter l’amplitude des bras n’aide pas à aller plus vite. Dynamiser le mouvement des bras n’est utile que lors d’un sprint ou d’une accélération. Le travail des bras est particulièrement important en sentier, en raison des virages serrés, des sauts, des atterrissages et du franchissement d’obstacles, les bras s’activant beaucoup plus, en vue de stabiliser le corps, d’essayer de stabiliser le centre de gravité et de contrebalancer les mouvements variés des jambes. Regardez les photos de coureurs de trail en pleine action, et vous constaterez par vous-même.

(…) Lisez l’article complet dans le numéro du printemps 2021.

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Jean-François Harvey est ostéopathe, kinésiologue et auteur des livres Courir mieux.