De coureur à triathlète en passant par duathlète

Plusieurs coureurs à pied se demandent par où commencer quand vient le moment de se lancer dans l’aventure du multisports. Vous êtes avide de nouvelles expériences ? Vous avez envie de changer la routine de l’unique course à pied à chaque entraînement ? Voici des recommandations visant à vous aider à plonger dans le duathlon et le triathlon.

Première chose : prendre en compte que, la course étant fort possiblement votre discipline forte, vous débuterez au bas de l’échelon dans les autres disciplines. Même si vous êtes un coureur vétéran, un certain apprentissage sera nécessaire, et peu de transfert autre que la capacité aérobie se fera dans les autres sports. Malgré une bonne condition physique et un bon VO2max, il vous faudra sûrement travailler fort si la nage ne figure pas dans vos antécédents sportifs de jeunesse : son aspect technique est indéniable.

Avant de vous lancer, il est vivement recommandé d’aller voir quelques duathlons ou triathlons afin de vous donner une bonne idée du fonctionnement : la zone de transition, les règlements, la philosophie du sport diffèrent de ceux de la course à pied. Apprenez les règlements, qui sont beaucoup plus complexes qu’à la course. Observez ce qui se passe lors du changement de discipline (la transition). Des règlements s’appliquent concernant le casque de vélo – à porter avant de toucher au vélo –, le matériel autorisé durant chacune des disciplines, le positionnement à adopter en vélo en vue d’éviter le sillonnage. Repérez la ligne d’embarquement (début du vélo), normalement verte, et la ligne de débarquement (fin du vélo), normalement rouge ; de lourdes pénalités en temps sont associées au fait d’enfourcher son vélo avant la ligne d’embarquement et de rouler à vélo passé la ligne de débarquement. La disqualification est automatique (à la seconde offense) si on est pris à sillonner derrière un autre participant.

La première étape à suivre : disputer un duathlon ou un triathlon en équipe. Si c’est le duathlon que vous désirez apprivoiser, vous pourriez laisser la portion course à votre coéquipier et faire la portion vélo, qui est probablement la discipline que vous avez à maîtriser. Allez ! allez ! Si vous ambitionnez véritablement de sortir de votre zone de confort, il faut foncer. Si vous choisissez le triathlon, exécutez la portion nage et course, de cette façon la première portion se fera dans un monde inconnu et vous terminerez par une course dans un environnement bien connu.

Aussi, lisez les règlements avant de participer à un événement, car ils varient souvent d’un type de course à l’autre. Par exemple, ceux de Triathlon Québec ne sont pas complètement identiques à ceux de la World Triathlon Corporation qui supervise les course 70.3 et Ironman. Même si un effort a été consenti dans le but d’arrimer l’ensemble des acteurs qui gèrent les courses partout dans le monde, des écarts importants subsistent encore.

Avant le départ de la course, discutez avec les autres participants. Visualisez bien le parcours, les dénivelés, les dangers sur la route. Dans la plupart des cas, on exige des participants qu’ils roulent à droite de la route et qu’ils dépassent à gauche. Un temps maximum est permis pour doubler un concurrent à vélo. Gare aux officiels le long du parcours… à moto ou parfois à vélo, déguisés en athlètes.

Le premier triathlon

Les triathlons organisent de plus en plus des départs par vagues selon le groupe d’âge plutôt qu’un départ de masse comme cela se faisait toujours il n’y a pas si longtemps. À certaines courses (par exemple, le demi-Ironman et l’Ironman de Tremblant), les départs s’effectuent, à quelques secondes d’intervalle, par groupes de trois à cinq participants. Ce genre de départ évite la panique et réduit le risque de blessures au contact des autres participants. En outre, on peut espérer qu’à la sortie de l’eau, moins de gros pelotons de cyclistes se formeront.

Si vous devez prendre le départ à la natation en même temps qu’un grand nombre de participants et que vous n’êtes pas à l’aise, demeurez sur le côté opposé au sens des virages aux bouées. Donc si le parcours tourne vers la droite à la première bouée, restez à gauche sur la ligne de départ, les athlètes ayant tendance à se rabattre du côté de la première bouée. Surtout si cette dernière n’est pas très loin, le groupe n’aura pas encore eu la chance de s’éparpiller sur le parcours, et le virage menace d’être chaotique, exposant au danger de coups de coude ou de pied. Attendez quelques secondes avant de vous précipiter dans la mêlée générale une fois le départ donné. Sachez également qu’en cas de crise de panique, vous pouvez vous agripper à un canot/kayak d’un sauveteur, sans pénalité, le temps de reprendre vos esprits.

Lisez le guide de l’athlète s’il y en a un. Les petits détails tels que le marquage de l’athlète (numéro au stylo-feutre pour la natation), le port ou non du dossard à vélo (à l’avant ou à l’arrière), un casque approuvé et en bonne condition, votre place attitrée ou non dans la zone de transition, l’endroit où échanger la puce de chronométrage si vous prenez part à la course à relais, le ravitaillement ou non durant le vélo et la course sont importants à savoir avant le départ.

Plusieurs triathlons au Québec utilisent un parcours fermé que l’athlète doit accomplir à quelques reprises (autant en natation et en vélo qu’à la course), et comme beaucoup d’événements offrent les distances initiation, sprint, olympique, demi-Ironman, etc. sur le même parcours, soyez conscient du nombre de tours à effectuer selon la distance choisie.

De façon générale, à peu près tous les modèles de vélo de même que toutes les sortes de guidons et pédales sont permis, sauf en ce qui concerne quelques catégories de jeunes (consultez la chronique du KMag de printemps 2017) ainsi que les courses élites avec sillonnage autorisé ou le vélo de triathlon (le vélo de contre-la-montre est interdit). Sinon, aucun souci, vous avez l’embarras du choix et du budget. Notez que dans maints triathlons, les officiels vérifient l’état de votre casque et de votre vélo à l’entrée de la zone de transition, avant le début de la compétition.

Assistez à la réunion d’avant-course, pendant laquelle le directeur de course et habituellement aussi l’officiel en chef donnent les informations nécessaires au bon déroulement de la course. Cette rencontre a de coutume lieu environ 20 minutes avant le départ – regardez l’horaire des événements sur le site de la course, elle y est d’ordinaire inscrite.

Sachez que la combinaison isothermique (wetsuit) est permise à la nage si la température de l’eau et de l’air est inférieure à un certain nombre de degrés, qui varie selon la distance. Cependant, il est possible de porter, malgré tout, la combinaison isothermique si vous n’êtes pas à l’aise dans l’eau – vous n’aurez simplement pas droit aux prix et médailles. Informez-vous auprès de l’officiel en chef de la course. Une nage en wetsuit peut réellement aider les non-nageurs à franchir la distance sans accroc. Généralement, si on est dans cette situation, ne pas avoir accès aux médailles importe peu : le désir de parcourir toute la distance est alors le vrai enjeu.

En conclusion, je vous rappelle que si vous souhaitez participer à un premier triathlon, n’oubliez pas qu’il est fortement suggéré de courir une plus petite distance en premier. Vous pouvez même débuter par le volet initiation, qui comporte en natation des distances vraiment très courtes, de quelques centaines de mètres. Ensuite, l’ordre logique serait sprint, olympique, demi-Ironman et Ironman. Dernier conseil : ne vous lancez pas dans la distance Ironman sans avoir pris part, au préalable, à plusieurs demi-Ironman et à au minimum un ou même deux marathons.

 

Charles Perreault a été champion canadien junior de triathlon longue distance et il est entraîneur dans ce domaine depuis plus de 20 ans.