Le claquage du mollet
Pour gagner en vitesse, vous avez essayé l’entrainement par intervalles à haute intensité. Après des étirements statiques, vous avez fait un premier sprint qui a été interrompu par une brûlure vive, comme un coup de poignard dans votre mollet. Vous avez boité pour rentrer à la maison.
Le claquage du mollet – la lésion myo-aponévrotique du triceps sural, de son vrai nom – est la plus fréquente pathologie musculaire qui affecte les coureurs de fond et de demi-fond. La déchirure du tissu musculaire ou de ses aponévroses (enveloppes fibreuses) est fréquemment située à la jonction du muscle gastrocnémien médial et du muscle soléaire. Cette lésion survient habituellement à la suite d’un mouvement rapide de poussée sur la pointe des pieds, souvent dans un contexte de fatigue neuromusculaire préalable. Elle se caractérise par une douleur vive à l’étirement, à la contraction et à la palpation.
Signes et symptômes clés
- Perte d’amplitude en flexion dorsale de la cheville et en étirement du mollet.
- Selon le grade de l’atteinte, enflure plus ou moins rapide autour du site de la déchirure.
- Coloration foncée de la jambe parfois observée quelques jours après le traumatisme.
- Douleurs vives et localisées au centre du mollet lors de la palpation du mollet, de la marche en poussant avec les orteils, de la course et de l’élévation sur la pointe du pied.
Traitement à court terme
Suivez les étapes de l’acronyme PEACE & LOVE.
- P pour protection : cessez immédiatement les activités douloureuses pour décharger votre mollet. Évitez les massages et les étirements.
- E pour élévation : si votre mollet est enflé, allongez votre jambe et placez votre pied plus haut que votre cœur.
- A pour anti-inflammatoires à éviter : n’appliquez pas de glace et ne prenez pas d’anti-inflammatoires, même en vente libre, car ces modalités nuisent à la guérison des tissus et accroissent leur fragilité à long terme.
- C pour compression : si votre mollet est enflé, recouvrez-le d’un bandage élastique.
- E pour éducation : consultez un professionnel de la santé certifié en prise en charge des blessures pour obtenir un diagnostic et un plan de traitement appropriés qui évitent la surinvestigation et les modalités passives inutiles.
- L pour load (charge) : selon le grade de la pathologie, c’est-à-dire le degré de limitation fonctionnelle, dès le jour 3, reprenez doucement vos activités en débutant par du vélo, puis de la marche et, enfin, de la course à pied à vitesse lente.
- O pour optimisme : adoptez une attitude positive et confiante, puisque oui, être optimiste accélère la guérison.
- V pour vascularisation : pour stimuler votre métabolisme et donc la vitesse de guérison, à partir du troisième jour post-traumatisme, pratiquez une activité cardiovasculaire sans douleur tous les jours, juste assez pour avoir chaud et être essoufflé.
- E pour exercices : au moment approprié, effectuez des exercices pour retrouver votre pleine amplitude et la force perdue.
Traitement à long terme et prévention
- Rehaussez la tolérance de votre mollet au stress mécanique en écoutant votre corps pour orienter votre reprise graduelle de la course à pied.
- Augmentez d’abord la fréquence de vos sorties, jusqu’à courir au moins quelques minutes tous les jours, et idéalement deux fois par jour, puis allongez progressivement vos sorties.
- Réintégrez ensuite la vitesse et les montées de côtes, lentement pour débuter, puis à haute vitesse si désiré.
- Effectuez des exercices de renforcement du mollet en intégrant des montées et des descentes sur le rebord d’une marche d’escalier, puis, pour progresser, en faisant des sauts rythmés sur place, les genoux légèrement fléchis.
- Si un de vos mollets est plus raide que l’autre, assouplissez-le à un autre moment que celui de vos sorties de course, et jamais dans l’heure qui précède un entrainement.
Pour en apprendre davantage sur les traitements à suivre en cas de blessures, abonnez-vous dès maintenant et ne manquez aucune chronique BLESSURES signée par Blaise Dubois, physiothérapeute, fondateur de La Clinique Du Coureur et coauteur du livre La santé par la course à pied.