Le syndrome de loge
À l’approche d’un hiver sous le signe du vélo stationnaire et de l’elliptique, attention à comment vous amorcerez la course à pied au printemps… Si vous pensez que vos grosses chaussures épaisses protégeront vos genoux et votre dos, or l’avant de l’une de vos jambes proteste, lisez ce qui suit.
Le syndrome de loge antérieure est scientifiquement appelé « syndrome compartimental chronique antérieur ». Il se manifeste par une sensation de douleur compressive ressentie sur l’avant de la jambe. Habituellement, cette douleur apparaît une dizaine de minutes après le début d’une sortie de course, puis disparaît complètement après la cessation de l’effort.
Cette pathologie affecte principalement les coureurs récréatifs débutants dont la technique de course se caractérise par de grandes foulées, des pas lourds et une attaque par le talon. Ce patron de course impose une forte surcharge sur la musculature de l’avant de la jambe. Le muscle s’engorge d’eau et grossit à l’effort, mais son expansion est limitée par la membrane qui l’entoure ainsi que par la présence du tibia et de la fibula.
Signes et symptômes clés
- Ce syndrome se présente par une douleur et une sensation de compression sur la partie antérieure de la jambe.
- Il s’accompagne parfois d’un engourdissement et d’une perte de sensibilité sur le dessus du pied, attribuable à une compression des nerfs qui traversent la loge.
- On ne peut reproduire cette douleur, cette sensation et cet engourdissement en contexte clinique qu’en courant jusqu’à ce que ces symptômes apparaissent.
Traitement à court terme
- Raccourcissez et allégez votre foulée en augmentant votre cadence (visez au minimum 3 pas/s) peu importe la vitesse à laquelle vous courez.
- Réduisez le stress appliqué sur les structures qui contrôlent la flexion dorsale des chevilles en posant le pied à plat au sol, le plus près possible de votre centre de gravité, plutôt que par une attaque du talon.
- Pour vous aider à adopter un patron de course qui prévient la surcharge excessive des muscles de la loge, courez avec des chaussures minces, légères, flexibles, à faible dénivelé (drop) et à indice minimaliste élevé (70 % et plus).
- Évitez la glace, les gels antalgiques, les anti-inflammatoires, la thérapie manuelle et l’électrothérapie, qui n’offrent pas de bénéfices avérés sur cette pathologie.
- Continuez à courir en modulant vos entrainements pour empêcher l’apparition de la douleur (par exemple, évitez les descentes de côtes, insérez des minutes de repos complet durant vos sorties).
Traitement à long terme et prévention
- Précédez vos sorties en alternance jog/repos de brèves séances de corde à sauter, dans le but de renforcer vos tendons d’Achille et vos mollets et, ce faisant, les préparer à une transition durable vers un patron de course avec attaque au sol par l’avant du pied.
- Quantifiez votre stress mécanique en écoutant votre corps, de façon à augmenter graduellement le volume et le dénivelé négatif.
- Si vos symptômes persistent malgré la modification de votre patron de course et le renforcement des muscles et des tendons de votre chaîne postérieure, consultez un professionnel de la santé qui utilisera un moniteur qui mesure la pression à l’intérieur de la loge, afin de confirmer ou d’infirmer le diagnostic de ce syndrome.
- En dernier recours, envisagez un traitement chirurgical par incision, sous la peau, de la membrane qui entoure la loge (l’aponévrose), de manière à accroître l’espace au sein du compartiment antérieur.
Pour en apprendre davantage sur les traitements à suivre en cas de blessures, abonnez-vous dès maintenant et ne manquez aucune chronique BLESSURES signée par Blaise Dubois, physiothérapeute, fondateur de La Clinique Du Coureur et coauteur du livre La santé par la course à pied.