Des questions de biomécanique
Chaque chronique BIOMÉCANIQUE de KMag propose une question et réponse et une idée lumineuse. En voici quelques-unes.
Mon thérapeute me suggère de renforcer ma stabilité en courant. Cela implique-t-il automatiquement d’aller vers des chaussures plus stabilisantes ?
Réponse Quand on parle de stabilisation, il existe un paradoxe concernant les chaussures. D’un côté, les chaussures dites de stabilisation (motion control) ont des technologies qui permettent de contrôler partiellement les mouvements du pied et donc indirectement ceux du reste du corps. D’un autre côté, l’ajout de ces technologies au moyen de matériaux parfois plus volumineux a comme effet d’éloigner le pied du sol, ce qui crée de l’instabilité. Pensez à des chaussures à plateforme par rapport à d’autres de type ballerine. Il est beaucoup plus difficile de garder un bon équilibre sur les premières. Le mieux est alors de trouver des chaussures qui offrent un juste dosage de stabilisation, selon vos besoins, sachant que la stabilité dépend davantage du coureur que des chaussures. Les exercices de proprioception ainsi que de renforcement des muscles des pieds, des abdominaux et des muscles stabilisateurs des genoux et des hanches sont probablement la meilleure stratégie pour augmenter votre stabilité.
Je suis une coureuse de 51 ans qui découvre les courses d’ultratrail en même temps que les chaussures minimalistes et l’appui mi-pied. Après quatre mois de ce régime, je me retrouve avec un problème de tendon d’Achille. Des pistes de solution ? – Marie-Josée L., Prévost
Réponse Tout d’abord, cela représente plusieurs adaptations simultanées, ce qui en soi n’est pas évident. Les ultratrails, par leur longueur et leur dénivelé, demandent une adaptation considérable ; la longueur de certains ultras teste rudement les limites tendineuses, et plus ça monte à pic et souvent, plus le tendon d’Achille est sollicité. Le passage aux chaussures minimalistes implique normalement une diminution de l’inclinaison dans la chaussure (drop), ce qui augmente également la sollicitation du tendon d’Achille dans les cas d’attaque par le talon – ce qui n’est pas rare en fin de course, même quand on cherche à ne pas attaquer par le talon. Aussi, le passage à un appui qui ne s’amorce pas par le talon a entre autres conséquences d’accroître de façon importante la sollicitation du tendon d’Achille ; par exemple, une personne qui court pendant 1 km sans amorcer son appui par le talon soumet son tendon d’Achille à des forces totales supplémentaires équivalent à environ 30 fois le poids de son corps ! Ajoutons pour conclure que la période de périménopause (si jamais vous en êtes à ce moment de votre vie) est associée à des modifications hormonales qui peuvent affecter les tendons – notamment en raison de la baisse du niveau d’œstrogène, qui perturbe la synthèse des fibres de collagène. J’espère que ces explications vous permettront de comprendre les causes possibles de votre blessure et, une fois guérie, d’éviter de vous retrouver dans la même situation.