Se fixer des objectifs

Habituellement, un coureur qui planifie des compétitions pour la saison à venir est très engagé dans son entraînement et il espère obtenir de bons résultats. Pour y arriver, il devra d’abord analyser sa précédente saison de courses et déterminer ce qui peut être amélioré. De cette manière, il pourra mieux préciser les objectifs de la saison à venir.

Déterminer des objectifs généraux

Les objectifs généraux sont les grandes orientations de votre saison, c’est-à-dire qu’ils sont formulés en termes de participation à des compétitions. La première étape est d’établir un calendrier d’épreuves réfléchi. Quelques compétitions se feront sans préparation particulière en les intégrant au processus d’entraînement avec un court affûtage de seulement trois ou quatre jours. Quant aux plus importantes, elles exigeront que vous teniez compte du temps indispensable à une bonne préparation, de l’affûtage et de la durée de récupération nécessaire avant de reprendre l’entraînement.

Il serait sage d’écrire la liste des compétitions auxquelles vous désirez participer au cours de la saison. Discutez-en avec d’autres coureurs ou votre entraîneur. Il n’est pas toujours aisé de sélectionner la ou les compétitions où on pourrait exceller. Le résultat de ces discussions guidera vos choix, qu’il serait opportun d’effectuer assez tôt dans la saison, tout au moins dès que vous aurez toutes les informations utiles pour les faire, car votre préparation en dépend.

Formuler des objectifs spécifiques

Établissez vos objectifs spécifiques en fonction de la liste d’épreuves auxquelles vous participerez. Certains seront des objectifs de développement centrés sur le processus, d’autres des objectifs de réalisation orientés vers le résultat. Il est essentiel qu’il y en ait autant qui portent sur le processus que sur les résultats. Il est avantageux de les écrire, histoire de les officialiser, de s’y référer à l’occasion et de s’autoriser à les modifier au besoin, suivant l’entraînement qu’il a été possible d’effectuer afin de les atteindre. Trop souvent, les coureurs ont des objectifs centrés uniquement sur les résultats. Conséquence : au moins 50% des coureurs sont insatisfaits des chronomètres réalisés en compétition, ce qui les frustre et les démotive.

Donc, visez des objectifs de processus, même au quotidien, pour chaque séance d’entraînement. Avoir un but produit un effet puissant sur la motivation et la persévérance de même que sur la confiance en soi, la détente et la satisfaction. Par exemple, avant une séance, en fonction des conditions environnementales, de vos dispositions et de votre fatigue préalable, reconsidérez le contenu comme la distance à parcourir ou le nombre de répétitions d’un entraînement par intervalles, et modifiez-le au besoin ; en période préparatoire, participer à des compétitions d’importance secondaire et analyser les résultats dans l’intention de vous donner des repères vous sera utile pour ajuster les objectifs décisifs ; pendant la compétition, bien doser votre effort sur un parcours à partir de temps intermédiaires vous permettra de ne pas courir trop vite la première moitié de la course et possiblement de corriger votre allure en fonction de votre perception de votre fatigue.

Viser des objectifs de temps précis est très pernicieux, puisque beaucoup de facteurs sont hors de votre contrôle. En course de fond, les facteurs environnementaux affectent beaucoup les résultats, et il est peu fréquent que toutes les conditions favorables soient réunies. Ajoutez à cela des objectifs de temps formulés en fonction « du coureur que vous voudriez être » plutôt que reliés à votre potentiel réel, et la conjoncture se prête parfaitement à la catastrophe. Adoptez une approche flexible qui laisse place à un réajustement en cours de route et relativisez le résultat par rapport à l’effort fourni.

Si vous désirez atteindre vos objectifs de résultats, employez les moyens nécessaires. C’est d’abord dans le processus d’entraînement que vous vous fixerez des objectifs qui, à court et à moyen terme, vous renseigneront sur l’amélioration de votre forme et sur votre capacité à obtenir les résultats escomptés. Toutefois, il est absolument inutile de formuler des objectifs si vous ne vous évaluez pas. Autant dans la réussite que dans l’échec, il est essentiel de revenir sur vos objectifs et d’en dresser le bilan. C’est la seule façon de faire des progrès et de maintenir votre motivation. L’élaboration d’objectifs n’est pas une science exacte ; prévoyez donc les réévaluer périodiquement. Rappelez-vous qu’une course commence avant le coup de départ.

Question :

J’ai déjà entendu un coureur, qui avait réussi à très bien performer au marathon, mentionner qu’il n’avait pas eu de difficultés majeures et qu’il avait été ce jour-là dans un état d’absolu contrôle, physiquement et mentalement. Comment puis-je me préparer afin de trouver un état semblable ?

Réponse :

On pourrait affirmer que ce coureur était ce jour-là dans sa « zone ». Cet état est une disposition où le corps et le mental sont au rendez-vous afin que s’accomplisse une performance dans une relative facilité. Être à son zénith le jour J demande quand même une préparation structurée. Et malgré tout, il n’est pas garanti que toutes les conditions favorables seront réunies au moment voulu. La combinaison idéale de facteurs physiques et mentaux qui permet de vivre cet optimum psychologique de performance ne se produit pas souvent.

Vous n’aurez la possibilité d’accéder à cette « zone » que si vous êtes bien préparé et que vous avez fait face à l’adversité à de nombreuses reprises en entraînement et en compétition. Ainsi, après un affûtage respectant bien les principes, la fatigue devrait s’estomper et vos ressources devraient se renouveler. Si la confiance est au rendez-vous et que vous êtes en totale harmonie avec votre corps, vous êtes dans une condition qui devrait vous amener à cet état de sérénité et d’aisance. Ce jour-là, dans votre « zone » et malgré la douleur, il ne semble pas y avoir de limite. Votre cerveau gouverne l’effort et vos jambes obéissent sans rechigner. Vous êtes en parfait contrôle.

Même si vous mettez tout en œuvre en prévision de le retrouver, cet état n’arrive pas sur demande. L’atteinte de la « zone » se construit au jour le jour. Il faut donc accumuler les expériences qui vous forgeront en ce sens.


Truc du coach

En vue d’une compétition importante, il serait approprié de poursuivre des objectifs de résultats par niveau de performance. D’abord, déterminer un objectif qui serait à la limite de vos possibilités, le « rêve », puis deux autres objectifs qui sauront vous contenter, en fonction de votre forme et des facteurs environnementaux.

 

Richard Chouinard est coauteur du livre Le guide d’entraînement et de nutrition publié par KMag.