Depuis que je cours…
Sophie Gamache enseigne le français au secondaire au Collège de Lévis et est folle de la course à pied. Dans chaque numéro de KMag, elle partage avec humour ses réflexions de coureuse.
Depuis que je cours… je mange des chips.
J’ai toujours été attirée par l’alimentation saine. Dès que j’ai tourné la page sur ces années de dégoût pour tout ce qui ne ressemblait pas à du pain et du beurre d’arachide ou à des pâtes à la sauce tomate – pauvres parents –, j’ai développé un grand appétit (!) pour la bouffe, les découvertes culinaires, les dégustations de toutes sortes.
J’aime goûter de nouvelles saveurs, me régaler en choisissant les yeux fermés dans les menus de restaurants. Toutefois, je « fais attention » à ce que je mange, par intérêt, par désir d’offrir à mon corps des aliments nutritifs. Quand je dis aux gens autour de moi que je prends un réel plaisir à me gaver de légumes, de poisson, de noix et de légumineuses, c’est la vérité. Quand je dis que je n’ai jamais mangé de poutine, c’est aussi la vérité. (Vous me trouvez sans doute infâme de ne pas fraterniser avec ce trésor gastronomique identitaire… Ça va. Je suis habituée.) En fait, la plupart des gâteries qui font saliver les plus gourmands de ce monde ne se retrouvent pas sur ma liste d’épicerie. Que voulez-vous, je suis friande de tout ce que le guide alimentaire canadien recommande. Sauf que…
En tant que coureuse… vous savez bien… vous le savez sûrement… c’est vrai… Quand on court… particulièrement quand il fait chaud… vous comprenez… on sue… et… on perd de l’eau… et… il faut compenser cette perte d’eau… Ça fait que… bien… on a des besoins, disons… plus importants… par exemple, en minéraux… alors on choisit des aliments… un peu plus… disons-le… salés… comme… … des chips.
Je l’admets : je mange des chips.
Je mange des chips parce que je cours et surtout parce que j’arrive à me convaincre que c’est un excellent moyen de combler mes besoins en sodium.
En tant que passionnée de pomme de terre – superbe source de fibres, de fer et de vitamine C – il est parfois bien difficile de me contrôler, c’est pourquoi je me suis donné (quelques règles) une règle à respecter pour éviter de me retrouver les deux mains dans un sac chaque jour : pas de course, pas de croustilles. En fait, au départ, à l’époque, jadis, naguère, c’était légèrement plus complexe. Je m’accordais le droit de m’en servir un bol le premier samedi du mois, et seulement si j’avais couru au moins 10 km en moins de 55 minutes avec un split négatif dans la journée. C’était une récompense. Depuis, j’ai « joué » avec les chiffres, question d’avoir l’air un peu moins stricte (ou un peu plus bienveillante) envers moi-même. La récompense s’est transformée en routine. Tous les samedis soir, si ma montre affichait 8 km, peu importe la vitesse à laquelle j’avais couru, je me considérais comme suffisamment méritante. Aujourd’hui, c’est 5, tant qu’on est la fin de semaine (dimanche inclus). Exception faite des vacances, bien sûr.
Si je mange des chips parce que je cours, je cours aussi parce que je veux continuer d’en manger.
Docteur, suis-je normale ? Devrais-je joindre les mangeurs de chips anonymes ?
Mieux vaut en rire.
Non ?