S’en aller chez le diable

  • Simon Diotte

Imposante éminence des Hautes-Laurentides, le mont Sir-Wilfrid, qu’on appelle localement la montagne du Diable, s’étale sur une longueur de 8 km et une largeur 5 km. Le parc régional Montagne du Diable met en valeur ce relief et assure la gestion des sentiers qui le sillonnent. Le plus difficile lorsqu’on s’y rend, c’est de choisir quoi faire, car le parc compte une profusion de sentiers.

Si vous souhaitez une chouette sortie d’une dizaine de kilomètres comportant de la déclivité, mettez le cap sur la Paroi de l’Aube, le plus populaire des quatre sommets du mont Sir-Wilfrid. De là, à 740 m d’altitude, on domine la municipalité de Ferme-Neuve. Quoique la vue se révèle prenante au point culminant et qu’on pourrait avoir la chance de voir le mont Tremblant à l’horizon par temps clair, c’est le chemin qui y mène qui est le plus intéressant.

On attaque la Paroi de l’Aube à partir du village des Bâtisseurs, poste d’accueil du parc. Le parcours débute en terrain plat (sentier 3A) épousant les rives du lac de la Montagne (soulignons l’originalité de ce toponyme !), et on y circule sur plusieurs passerelles de bois. Dans le premier kilomètre, la largeur du sentier facilite les dépassements.

Le décor s’enrichit lorsqu’on pénètre dans l’EFE, acronyme de «écosystème forestier exceptionnel». Sur au moins 1 km de la piste 3, on est dans une vieille forêt peuplée d’érables et de bouleaux jaunes qui n’a pas subi de perturbations naturelles et anthropiques depuis des lustres – une rareté parmi les forêts de feuillus du Québec méridional. Des arbres de plus de 275 ans imposent le respect.

Ce tronçon longe les cascades d’un ruisseau magnifiquement encaissé. Le printemps s’avère la meilleure période pour contempler cet élément naturel, avant que les feuilles des arbres n’en camouflent une partie. L’environnement émerveille, mais on ne doit pas perdre sa concentration : les racines au sol tendent des crocs-en-jambe sans relâche. Prenez garde !

Suivent quelques montées abruptes où l’on s’agrippe à des cordes afin de se hisser. On aboutit sur la cime au refuge de l’Aube, où il était possible de casser la croûte avant la Covid-19 ; désormais, son utilisation est réservée aux dormeurs. De toute façon, le chronomètre ne s’arrête pas, alors au diable la pause, il est l’heure de redescendre.

On passe ensuite au lieu-dit de l’Accalmie, en bordure d’un étang de castor. Ce camping sauvage interpelle. On aurait le goût de s’y poser. Une autre fois, peut-être. À l’approche de l’arrivée, les 1,5 km de passerelles de bois procurent la sensation de courir sur l’eau. Au final, ce parcours ajoute 400 m de dénivelé au bilan annuel. Pas mal pour commencer la saison d’entraînement.

EN BREF

  • Longueur : 11 km
  • Dénivelé positif : 424 m

À APPRÉCIER

  • Une forêt remarquable
  • De belles montées pour activer la patate
  • Possibilité de nombreuses boucles

À NOTER

  • Panoplie d’hébergement sur place : chalet, refuge et camping
  • 80 km de sentiers
  •  Chiens admis en laisse
  • Bornes de recharge pour véhicule électrique
  • Frais d’accès quotidien inclus avec l’hébergement

Simon Diotte est le rédacteur en chef du magazine Géo Plein Air.