Un marathon dans la plus belle ville du monde
Alors que le Marathon de Paris a eu lieu ce dimanche matin le 2 avril, on vous propose le récit de notre collaborateur Philippe Jacques lors de l’édition 2022.
Depuis que je prends part à des marathons, j’ai toujours rêvé de courir celui de Paris, la plus belle ville du monde. Ce devait se produire à l’édition du printemps 2020, qui coïncidait en outre avec mon 20e marathon. En raison de la pandémie, c’est plutôt le 3 avril 2022 que je me suis enfin retrouvé sur la ligne de départ afin d’y entreprendre mon 25e marathon. L’attente a largement valu la peine. Récit.
Arrivés à Paris sous la neige deux jours avant le marathon, ma conjointe et moi nous dirigeons tout de suite vers l’expo-marathon, qui se démarque par sa piste d’essai de 400 m comportant virages et dénivelés servant à tester les chaussures présentées par les exposants. Nous enchaînons le lendemain matin avec un jogging d’activation, histoire de faire la reconnaissance de la fin du parcours du marathon, puis une visite de la tour Eiffel et une croisière en bateau-mouche sur la Seine (qui permet de se reposer les jambes et de voir le parcours du marathon entre les kilomètres 20 et 30 !). Après une soirée à écouter des classiques de Joe Dassin, comme Les Champs-Élysées, voici venue l’heure de faire de l’insomnie avant le jour J, gracieuseté du décalage horaire davantage que de la nervosité.
Au départ du marathon, devant l’Arc de triomphe, le temps est frisquet (à peine au-dessus du point de congélation), toutefois le soleil dans un ciel sans nuages nous réchauffera rapidement. Nous sentons la fébrilité des coureurs au départ de ce premier marathon de Paris printanier depuis l’édition 2019 [NDLR : en 2021, Paris avait eu lieu à l’automne]. L’organisation donne le signal de départ en faisant jouer sa chanson classique, celle du compositeur Vangelis, qui a remporté l’Oscar de la meilleure musique de film en 1982 pour Conquest of Paradise du film Chariots of Fire.
Je m’élance, sourire aux lèvres et bras dans les airs. Je ne pourrais être plus heureux qu’ici, sur l’avenue des Champs-Élysées, enfin sur cette ligne de départ qui m’a tant fait rêver. Je regarde partout autour de moi, particulièrement lorsque nous traversons la plus grande place de Paris, la place de la Concorde, où est érigé cet obélisque vieux de 3300 ans offert par l’Égypte. Mon premier kilomètre sera probablement le plus lent de tous mes marathons – ce qui n’est pas une mauvaise chose. La visite historique ne fait que commencer alors qu’un détour nous fait passer au 3e kilomètre devant le superbe Palais Garnier, qui abrite l’Opéra national de Paris. Par la suite, le tracé est plutôt en ligne droite jusqu’au 10e kilomètre, sauf pour faire le tour de la place de la Bastille, lieu symbolique de la Révolution française de 1789. De nombreux supporteurs nous encouragent des deux côtés de la route, et une fanfare nous accueille bruyamment en avant de l’hôtel de ville de Paris.
La principale difficulté de cette section est la surface : nous courons sur de gros pavés, et il est difficile de garder une belle technique de course. Résultat : après 10 km, j’ai les jambes lourdes comme si j’en avais déjà parcouru 30. Nous arrivons finalement au bois de Vincennes, un ancien domaine royal jadis réservé aux rois pour la chasse, à l’est de Paris. Cette boucle de 10 km contraste avec le reste du parcours : elle est en terre battue et en asphalte, environnée d’un paysage tout en nature et attirant très peu de spectateurs, sauf un groupe de majorettes au début de cette boucle et des joueurs de cornemuse devant le château de Vincennes. Nous croisons également l’Hippodrome de Paris-Vincennes en chemin. J’avais heureusement prévu l’absence de spectateurs et choisi sur mon iPod certaines de mes chansons préférées spécifiquement pour cette section de l’épreuve.
En Europe, les marathons offrent généralement beaucoup moins de ravitaillement qu’en Amérique du Nord, et dans le cas du marathon de Paris, le seul liquide proposé tous les 5 km est de l’eau. De façon surprenante, on remet aux coureurs de petites bouteilles d’eau complètes, bien que seulement quelques gorgées soient bues. C’est le seul marathon que j’ai couru en emportant une gourde remplie d’une boisson contenant des électrolytes (pas facile à dénicher à Paris).
Sortir du bois de Vincennes pour revenir au centre de Paris sur les bords de la Seine procure la même sensation que quitter le pont de Queensboro, à New York, pour s’attaquer à la 1re Avenue : impossible de ne pas accélérer sous l’effet des encouragements de la foule, même si nous ne sommes qu’au 20e kilomètre du marathon. Ce que j’ai fait, enregistrant mes kilomètres les plus rapides du marathon. Cette partie du trajet est magnifique, bordée par le fleuve et nombre de monuments historiques.
Les seules côtes du marathon de Paris se trouvent dans cette section, alors que nous descendons dans des tunnels avant d’en ressortir. Mais quelle ambiance, comme dans un rave ! De très loin, nous voyons dans un des tunnels des jeux de lumière, et un DJ est présent en plein milieu. Celui-ci fait jouer à tue-tête des chansons électroniques ; lors de mon passage, c’était un remix du succès international Blinding Lights de l’artiste canadien The Weeknd, qui en 2021 a participé au spectacle de la mi-temps du Super Bowl, en Floride.
Après un passage devant le musée d’Orsay, qui possède la plus importante collection de tableaux impressionnistes du monde, c’est au 30e kilomètre que nous apercevons enfin, haute de ses 300 m, la tour Eiffel, construite dans la controverse en 1889 en vue de l’Exposition universelle de Paris et maintenant un des monuments les plus visités de la planète. De mon côté arrive finalement le moment où ma conjointe m’attend avec une nouvelle bouteille pleine de boisson pour sportifs alors que je devais rationner ma consommation de liquides depuis le début du marathon.
C’est à partir du 30e kilomètre que débute le compte à rebours sur un marathon (ou que celui-ci s’amorce tout simplement, selon d’autres) et, à Paris, cette partie est difficile : quelques kilomètres toujours en bordure de la Seine mais beaucoup moins de spectateurs avant un crochet d’environ 5 km dans le bois de Boulogne à l’ouest de Paris, où s’élève l’édifice à l’impressionnante architecture de la Fondation Louis Vuitton.
Au sortir du bois de Boulogne, l’Arc de triomphe se dresse devant nous, et c’est sans nul doute le temps du sprint final s’il n’est déjà commencé, car il reste moins de 1 km. Dans mon cas, je n’aurai rien lâché (comme disent les supporteurs français massés le long du parcours), en donnant vraiment tout ce que j’avais cette journée-là, ou plutôt tout ce qu’il me restait après un vol de nuit et le décalage horaire. Je suis satisfait, et surtout reconnaissant, d’avoir eu la chance de courir un des plus beaux marathons du monde, dans la plus belle ville du monde, et avec un large sourire à l’arrivée !
- 03/04/2022 – Schneider Electric Marathon de Paris
- 03/04/2022 – Schneider Electric Marathon de Paris – Fondation Louis Vuitton
- 03/04/2022 – Schneider Electric Marathon de Paris – Place de la Bastille
- 03/04/2022 – Schneider Electric Marathon de Paris – Hotel de Ville
- 03/04/2022 – Schneider Electric Marathon de Paris – Palais de Garnier
L’auteur aimerait remercier le Marathon de Paris, la Ville de Paris et Air Transat pour leur collaboration à ce reportage.